Cette catégorie conceptuelle, contrairement aux précédentes, ne repose pas entièrement sur une terminologie utilisée explicitement dans le cadre des théories motivationnelles. La notion de « contrôle » est, en effet, utilisée par de nombreuses théories (Rotter, 1966 ; Skinner, 1995 ; Pekrun, 2006 ; Pittman & Pittman, 1980 ; Weiner, 2005 ; Peterson, Maier, Seligman, 1993) mais dans deux perspectives différentes.

Le premier auteur qui a introduit cette notion dans le cadre du locus de contrôle (Rotter, 1966) estimait qu’il existe des expectations généralisées liées à la similarité des situations entre elles, et des expectations spécifiques aux situations. Le locus de contrôle est une expectation généralisée sur la relation qui unit « origine » et « effet » d’un événement. Certaines personnes vont avoir une tendance stable à percevoir l’origine des événements comme interne et d’autres comme externe. Cependant, nous voyons que deux idées fortes sont présentes dans le locus de contrôle : l’expectation et l’origine (ou locus). En fonction des modèles motivationnels, l’une, l’autre, voire les deux séparément, peuvent être présentes.

Le modèle de Pekrun (2006) ou celui de Peterson, Maier, Seligman (1993) sont assez intéressants de ce point de vue, car les deux idées sont présentes en même temps.
Dans le modèle de Peterson, Maier, Seligman (1993), les auteurs parlent explicitement de cette distinction. « Pour Rotter (1966) le renforcement ne va pas automatiquement augmenter la force de la réponse qui le précède. Un individu va augmenter la probabilité d’une réponse en fonction du degré d’attente que certaines réponses soient suivies par un renforcement dans le futur. Cette expectation a elle-même deux déterminants. Premièrement, les caractéristiques spécifiques de la réponse et du renforcement qui ensemble donnent corps à une expectation sur un futur lien entre les deux (…). Deuxièmement, les individus ont des croyances sur le locus de la récompense. Certaines personnes croient que l’origine de la récompense est en eux (…) d’autres croient qu’elle est extérieure à eux. Ces deux termes définissent les extrêmes du continuum de locus de contrôle : interne versus externe. Toutes choses étant égales par ailleurs, les individus internes vont plus probablement formuler des expectations de renforcement qui suivent un comportement particulier que ceux qui sont externes. Mais Rotter (1975) a très clairement explicité que les choses ne se déroulent pas toujours ainsi. Plus précisément dans les situations où la structure causale est bien connue, ces différences s’avèrent inadaptées (…) la différence est que le locus de contrôle est une croyance sur la nature des renforcements, c’est-à-dire sur les récompenses ou les punitions présentes dans le monde. Les attributions causales sont des jugements sur les causes des événements. Bien que liés, ce n’est pas la même chose. Un individu avec un locus de contrôle interne peut faire des attributions externes (…). Le même parallélisme peut être fait entre "attribution causale" et la notion d’"expectation" de Rotter (…) le locus de contrôle est simplement un des déterminants de l’expectation et cette dernière existe à un niveau différent de celui de l’attribution causale » (p. 144-146, traduction libre).

Le modèle la résignation apprise de Peterson, Maier, Seligman (1993) repose sur cette perception de contrôle. Pour ce modèle, il faut clairement distinguer l’« expectation d’incontrôlabilité  », qui a un impact direct sur la résignation apprise (principalement au travers sa stabilité temporelle), de l’« internalité » (le locus) qui entretient une relation étroite avec l’estime de soi. Le modèle « attributionnel » de la motivation que propose Weiner (2005) va dans le même sens puisque le locus est là aussi en lien avec l’estime de soi. Mais Weiner va plus loin, car il estime que la contrôlabilité est une dimension importante pour comprendre certains motifs émotionnels comme la honte ou la culpabilité. L’expectation n’a pas à voir avec la contrôlabilité dans ce modèle mais avec la stabilité ; ce qui rejoint le modèle de la résignation apprise mais avec une terminologie différente et, encore une fois, tout l’intérêt qu’il y a à distinguer la recherche de contrôle qui est un motif, de l’expectation de contrôle qui reste une prédiction.

Dans le cadre du modèle intégratif présenté ici, quand le contrôle renvoie uniquement à l’internalité, il s’agit d’une recherche, c’est-à-dire d’un motif secondaire, car cette recherche explique la direction du comportement. Cette recherche de contrôle est d’ailleurs ce qui motive clairement l’individu pour Pittman & Pittman (1980), puisqu’ils montrent que lorsque l’individu perd le contrôle, il aurait tendance à formuler davantage d’attributions pour chercher, expliquer et éventuellement retrouver ce contrôle qu’il a perdu.

Représentation intégrée de la recherche de contrôle