La théorie PPIK (intelligence-as-Process, Personnality, Interests, Knowledge) d’Ackerman (1997) conjugue des concepts qui appartiennent traditionnellement à des champs d’études différents. En se basant sur des études corrélationnelles, l’auteur montre qu’il existe des relations fortes entre des éléments qui appartiennent aux domaines de la personnalité, de l’intérêt, de l’intelligence et les théories liées au concept de soi (self-concept). Le rapprochement que propose de faire Ackerman, repose sur ce qu’il appelle des complexes de traits composites (trait complexes). Kanfer & Ackerman (2005) font de la compétence un point nodal qui explique et justifie l’existence de ces complexes de traits composites. La compétence étant un construit purement théorique, il est nécessaire, pour pouvoir l’appréhender, de passer par des mesures ou des appréciations qui font référence - dans ce cas précis - à la performance. Pour les auteurs, la compétence n’est pas synonyme de performance car cette dernière est influencée par de très nombreux facteurs comme les agents environnementaux ou motivationnels qui vont, ou non, être facilitants. Deux types de performances doivent, selon les auteurs, être pris en compte.
La performance maximale fait référence aux capacités individuelles, c’est-à-dire à ce que l’individu est capable de faire quand tous les facteurs sont réunis à leur optimum. Les auteurs parlent également de « comportement typique » (typical behavior) pour indiquer ce que l’individu peut probablement faire ou les actions qu’il est susceptible de produire sur la base de ses intérêts, et ce, quotidiennement. Une différence majeure entre la performance maximale et le comportement typique se trouve au niveau de la motivation. La performance maximale suppose que l’individu se trouve dans une situation où la motivation d’accomplissement est particulièrement activée (importance de la réussite ou de l’échec aux épreuves) alors que le comportement typique s’explique davantage en termes d’intérêt et de personnalité. Cette double appréhension de la compétence justifie donc la prise en compte d’une multitude d’éléments permettant de prédire non seulement ce que l’individu peut potentiellement faire dans telle ou telle situation, mais aussi ce qu’il fait en général.

En ce qui concerne l’intelligence, Ackerman (1997) s’appuie principalement sur la théorie de Cattell (1957) qui distingue l’« intelligence fluide » (Gf) associée au raisonnement « pur » de l’« intelligence cristallisée » (Gc) qui constitue plutôt les connaissances accumulées. Pour Kanfer & Ackerman (2005), l’intérêt en tant que trait fait référence à la direction des investissements que l’individu produit dans différentes activités. Ackerman (1997) s’appuie ici principalement sur les travaux de Holland (1997, cf. chap. 3.3.1). L’orientation du comportement vers certains types d’activité permet de concevoir qu’il existe une relation positive entre les habilités et les intérêts individuels : plus un individu est intéressé par une activité, plus il consacre de temps à cette activité, plus il développe ses aptitudes et ses connaissances dans cette activité. Les questionnaires d’intérêt professionnel permettent de capter l’orientation de l’individu envers des secteurs d’activités non seulement susceptibles de l’intéresser, mais aussi dans lesquels il va préférentiellement développer ses capacités.

Cependant, pour Kanfer & Ackerman (2005), cette vision de la motivation, en tant qu’intérêt, ne permet pas de prendre en compte l’intensité du comportement. La motivation à la performance nécessite de déployer une certaine intensité et cette dernière peut être appréhendée au travers de la motivation d’accomplissement (Murray, 1938 ; Atkinson, 1964). En effet, un individu peut être intéressé par telle ou telle activité mais ne pas vouloir faire d’effort pour atteindre un certain niveau de performance ou atteindre un certain niveau de maîtrise. Par exemple, l’individu peut être intéressé par différentes matières artistiques mais seulement avec une faible intensité. À l’inverse, l’individu peut avoir une faible orientation envers une activité mais avoir un fort besoin d’accomplissement, ce qui peut le conduire à un haut niveau de performance. Partant de ces éléments et prenant en compte la personnalité et le concept de soi (évaluation individuelle de ses propres compétences aux travers de différents domaines), Ackerman (1997) a identifié les quatre « complexes de traits » suivants.

1. Complexe de traits sociaux - Ce complexe inclut des éléments liés aux entreprises et intérêts d’ordre social, au potentiel social, à l’extraversion, au bien être en termes de construction « personnologique », mais pas aux mesures de l’intelligence. Cela n’indique pas pour autant que les individus qui présentent un complexe de traits sociaux important manquent d’intelligence, mais plutôt qu’ils développent une intelligence sociale qui n’est pas appréhendée au travers des outils de mesure intellectuelle.

2. Complexe de traits conventionnels - Il s’agit ici d’un ensemble de mesures liées au conformisme, à la conscience professionnelle, au traditionalisme et au contrôle. Ce complexe est également lié à la rapidité perceptive et numérique et permet de concevoir le profil type d’un individu qui préfère les environnements structurés et qui est capable d’atteindre de hauts niveaux de performance dans de tels environnements.

3. Complexe de traits scientifiques/mathématiques - Ce complexe recouvre partiellement les mêmes éléments que le complexe intellectuel/culturel et ils sont tous les deux fortement associés avec l’orientation investigatrice de Holland (1997). Le complexe de traits scientifiques/mathématiques est plus spécifiquement associé à l’intelligence fluide ; c’est-à-dire aux épreuves de perception visuelle. Par ailleurs, ce complexe est en relation avec les intérêts réalistes et n’est lié à aucune forme de personnalité particulière.

4. Complexe de traits intellectuels/culturels - Comme nous avons pu le voir précédemment, ce complexe de traits est lié à l’orientation investigatrice de Holland mais, en ce qui concerne l’intelligence, c’est plutôt l’intelligence cristallisée qui lui est associée. Sur l’aspect personnalité, il est fortement lié aux facteurs d’ouverture et aux intérêts artistiques.

Représentation intégrée de la théorie PPIK (d’après Ackerman, 1997)