Historiquement, les premiers motifs primaires ont été les instincts (James, 1890 ; McDougall, 1908) mais avec des définitions différentes de ce que nous connaissons aujourd’hui. Pour le Trésor de la langue française (2008), l’instinct est un « mouvement intérieur, surtout chez l’animal, qui pousse le sujet à exécuter des actes adaptés à un but dont il n’a pas conscience ». Bien entendu, il existe là aussi plusieurs définitions des instincts, mais celle-ci permet de montrer le décalage avec celle que propose McDougall (1908) au début du siècle. Pour lui l’instinct est une disposition physiologique héritée ou innée qui entraîne son possesseur, à percevoir ou à être attentif aux objets d’une certaine classe, à être en proie à des excitations émotionnelles d’une qualité particulière lors de la perception de ces mêmes objets, et à agir en fonction de cette perception d’une façon particulière ou, pour le moins, à avoir une impulsion d’action du même ordre.
À l’heure actuelle, ce concept est très peu utilisé dans les cadres théoriques sur la motivation humaine, à l’exception notable de la théorie de Pyszczynski & al. (1997), sur le management de la terreur existentielle. Pour ces derniers, besoins biologiques et psychologiques sont sous-tendus par le même instinct de préservation. La préservation de la vie est vue comme un but de niveau super-ordinal (Carver & Scheier, 1982) qui maximise les chances de transmission des gènes, tous les autres objectifs de l’être vivant dérivant de ce but instinctif.
Le rapport qui existe entre instinct et pulsion est également à mettre en évidence. Si les traducteurs des textes freudiens ont choisi le terme de « pulsion » pour traduire les demandes impérieuses de l’organisme qui s’agitent dans le « ça » psychanalytique, il semble qu’en anglais ce soit le terme d’instinct [1] qui ait été retenu ; bien que ce choix terminologique fasse polémique pour Weiner (1992) . Il est donc possible d’estimer que la théorie psychanalytique s’appuie également sur cette même conception des instincts, qui avait cours au début du vingtième siècle.
Représentation intégrée des motifs primaires
