Pour le Trésor de la langue française (2008) le comportement en psychologie est un « ensemble des réactions observables chez un individu placé dans son milieu de vie et dans des circonstances données ». Un des problèmes que pose le comportement, au-delà de sa définition, est son observation, car c’est au travers de cette dernière qu’il est possible d’appréhender la motivation. Il semble effectivement acquis qu’il est impossible d’observer directement la motivation, celle-ci ne pouvant qu’être déduite du comportement . Pour les béhavioristes, le drive pouvait être appréhendé grâce à des indicateurs comportementaux comme la vitesse mesurée en pieds par seconde pour atteindre l’autre bout d’un labyrinthe. Chez l’homme, les choses semblent un peu plus compliquées.

L’éventail des comportements humains est très large. Pour Nuttin (1991), le terme comportement a un double sens : « au sens restreint, on désigne surtout l’action que le sujet exerce sur une situation (la réaction à un stimulus dans le modèle béhavioriste) (…) dans un sens plus large, le terme comportement réfère à l’ensemble des fonctions et processus psychologiques » (p. 39). Cette deuxième dimension du comportement s’explique par le sens que peut avoir une situation donnée pour l’être humain. « Le phénomène, qu’en dernière analyse la psychologie est appelée à expliquer, est le comportement tel qu’il se présente à nous, c’est-à-dire le comportement tel qu’il est perçu et exécuté par l’être humain dans le cadre social, c’est-à-dire : comme une réponse significative à une situation qui, elle aussi, a un sens » (Nuttin, 1991, p. 38). Effectivement la psychologie cognitive, contrairement au béhaviorisme, se permet d’aller au-delà de la simple observation.

De nombreux modèles motivationnels estiment implicitement qu’il est nécessaire de comprendre l’intentionnalité du comportement pour en comprendre la motivation. Par exemple, dans certaines situations, le fait de ne pas agir est clairement motivé, cependant cette motivation ne peut être appréhendée qu’au travers de sa finalité et donc de la signification qu’elle a pour l’individu.
Deci & Ryan (2002) dans ce même registre parlent d’« instrumentalisation du comportement », autrement dit le comportement est un instrument qui permet d’obtenir ou d’éviter quelque chose (motivation extrinsèque avec une régulation externe). Pour ces mêmes auteurs, l’a-motivation c’est-à-dire l’absence de motivation, n’est pas caractérisable par une absence de comportement mais par « l’absence d’une intention d’agir » (Deci & Ryan, 2002, p. 17).

Pour autant, si le comportement et son résultat sont deux entités distinctes tout en restant indissociables, leur proximité est source d’une certaine confusion qui justifie à elle seule de clairement les distinguer. « Les individus ne parviennent pas toujours à faire la distinction entre les comportements et les occurrences qui peuvent potentiellement émaner de ces comportements. Par exemple, le succès à un examen et la réduction pondérale sont utilisés comme mesures du comportement. En y regardant de plus prés, aucun de ces critères n’est une mesure du comportement. La réussite aux examens est le résultat possible d’actions spécifiques comme une lecture assidue, compulser des livres, mémoriser des éléments ou même copier les réponses d’un autre étudiant… Plus important, le résultat d’un examen ou la perte de poids peuvent également être influencés par d’autres facteurs que le comportement de la personne. La difficulté de l’examen ou une erreur lors de la correction peuvent déterminer l’échec ou le succès à un examen » (Ajzen & Fishbein, 1980, p. 29, traduction libre). Cette différence entre « comportement » et « résultat » est d’une importance centrale pour les théories motivationnelles qui s’intéressent principalement aux performances des individus. Mesurer la motivation de l’élève uniquement sur ses performances scolaires par exemple, peut laisser à penser que l’élève n’est pas motivé si les performances n’augmentent pas alors que c’est peut-être uniquement l’effet du comportement sur la performance qui n’est pas visible.

Comme nous avons pu le voir plus haut, la motivation a plusieurs effets mesurables sur le comportement. Elle le déclenche, l’oriente, augmente son intensité et sa persistance. Cependant, il faut non seulement être capable de mesurer ces effets mais surtout pouvoir les interpréter comme étant du ressort de la motivation ; c’est-à-dire décrypter leur finalité au travers du résultat observé.

Représentation intégrée du comportement