Dans les situations d’accomplissement, les stratégies mises en place ne visent pas toujours à favoriser la performance. Norem & Cantor (1986a, 1986b) ont par exemple montré que certains individus sont systématiquement d’une anxiété maladive à l’approche des examens, et ce, à tel point qu’il est impossible de les rassurer. Pourtant, il n’est pas rare que ces élèves soient parmi les meilleurs. Pour Norem & Cantor (1986a, 1986b), ce comportement est en fait une stratégie qui permet à l’étudiant de gérer ses propres émotions. Cette stratégie implique la mise en place d’une expectation d’échec particulièrement irréaliste de façon à se servir de l’anxiété qu’elle génère afin de l’utiliser pour empêcher une chute de la performance.

Cette stratégie à elle seule illustre la nature des stratégies émotionnelles qui, à l’image des stratégies cognitives, sont des plans ou des moyens, plus ou moins explicites pour l’individu, mis en œuvre pour gérer les émotions en général et l’anxiété en particulier. En effet, l’anxiété est la principale émotion que cherchent à gérer les individus, même si dans le cadre de l’autorégulation des apprentissages, Zimmerman (2002) estime qu’il existe des stratégies que peuvent mettre en œuvre les élèves pour augmenter l’intérêt d’une activité scolaire particulière ennuyeuse, par exemple.
Si les deux exemples précédents sont davantage des stratégies de réussite, il en existe d’autres qui conduisent généralement à l’échec dans des délais plus ou moins brefs.

Jones & Berglas (1978 ; Berglas & Jones, 1978) ont en effet montré qu’il existe toute une gamme de stratégies qui, si elles ne conduisent pas directement à l’échec, entravent fortement la réussite. Certains individus, lorsqu’ils sont confrontés à des situations d’accomplissement, vont avant tout chercher à préserver l’estime qu’ils ont d’eux-mêmes au détriment de leurs performances, surtout lorsqu’ils s’attendent à échouer. Par exemple, l’étudiant qui doute fortement de ses capacités à réussir un examen va faire la fête en s’imbibant d’alcool jusqu’à la limite du coma éthylique la veille de ses épreuves. Vis-à-vis de son estime de lui-même, il se trouve ainsi dans une position « gagnant-gagnant » : s’il échoue ses capacités n’en sont pas pour autant remises en cause et s’il réussit elles en sont d’autant plus valorisées. Cependant, à long terme, ces conduites restent néfastes pour l’individu comme l’explique le modèle de Baumeister (1997) sur les comportements d’autodestruction.

Représentation intégrée de la stratégie émotionnelle