S’il y avait une question fondamentale concernant la motivation, celle-ci consisterait à se demander quel est le « motif », la « cause », le « pourquoi » de notre comportement ? Les premières recherches sur la motivation ont tenté avant tout de répondre à cette question. Les « motifs » de nos actions ont d’abord été abordés en livrant une nomenclature d’instincts (McDougall, 1908 ; James, 1890) qui ont évolué vers différentes listes de besoins (Murray, 1938 ; Maslow, 1943) jusqu’aux années cinquante où les auteurs ont commencé à envisager autre chose que de simples énumérations. Les modèles motivationnels se sont complexifiés dans les années 50-60 et il est devenu plus difficile d’appréhender simplement la motivation.
La distinction introduite par Campbell & al. (1970) a permis de mettre le doigt sur une scission entre deux formes théoriques dites de « processus » et de « contenu ».
Pour les théories de processus, la motivation est le fruit d’une interaction entre un certain nombre de variables significatives.
Les théories de contenu cherchent principalement à identifier ce qui, dans l’environnement ou chez l’individu, est à même d’énergiser ou de soutenir le comportement.
Cette distinction a été reprise notamment par Deci & Ryan (2000) qui estiment que la théorie de l’autodétermination fait la distinction entre le contenu des buts ou des résultats et les processus de régulation au travers desquels le résultat est poursuivi. Les besoins de base constituent pour eux le « quoi » (what) tandis que les processus seraient le « pourquoi » (why) de la poursuite des différents buts. Ainsi, ce serait les besoins qui spécifient le contenu de la motivation et qui fournissent la base substantielle de l’aspect énergétique et directif de l’action.
Cette différenciation reste encore très intéressante pour penser globalement la motivation. Les deux premiers ensembles conceptuels du modèle intégratif reposent plus spécifiquement sur cette notion de contenu proposée par Campbell & al. (1970). Cependant, c’est le terme de « motif » qui a été retenu car il partage la même racine latine avec la motivation « movere » qui introduit l’idée de se mouvoir, le cœur de la motivation étant constitué par le dynamisme. Les motifs représentent les différentes spécifications possibles de la motivation en termes de contenu, ce qui rejoint les propos de Nuttin (1991) sans cependant totalement les recouvrir puisque, pour le modèle intégratif, les besoins se confondent avec les motifs : « les motifs (anglais : motives) sont les concrétisations des besoins : ils constituent la composante dynamique et directionnelle de l’acte concret. Le terme motivations (au pluriel), ou une motivation spécifique, est souvent employé dans le même sens que motif(s) » (Nuttin, 1991, p. 35).
Deux ensembles conceptuels de motifs seraient à distinguer en fonction d’une organisation structurelle qui est explicitement ou implicitement avancée par les auteurs et que distingue Nuttin dans sa description des motifs.
Certaines théories avancent des explications qui ont pour ambition de révéler l’origine absolue du comportement, au moins d’un point de vue psychologique, alors que pour d’autres cette question est reléguée au second plan. Cette distinction permet donc de dire qu’il existe des motifs primaires qui se placent à l’origine psychologique du comportement et des motifs secondaires qui confinent la question de l’origine en arrière-plan, préférant généralement s’intéresser aux motifs les plus immédiats ou admettant que d’autres motifs sous-tendent ceux qu’ils avancent. Cette distinction entre deux formes de motivation rejoint également celle opérée dans différentes théories entre besoin et incitation (Hull, 1954 ; Atkinson, 1964). Les deux types de motifs ne sont pas contradictoires et nombreux sont les auteurs qui adhérent explicitement à la conception hiérarchique de Carver & Scheier (1982) qui dans leur vision cybernétique du fonctionnement humain estiment que les objectifs peuvent être organisés de façon hiérarchique.
Une autre différence entre motifs primaires et motifs secondaires, serait liée au fait que les théories du premier ensemble se rejoignent pour dire que l’origine de la motivation est interne, alors que pour certaines théories du deuxième ensemble l’influence de l’environ¬nement peut être déterminante dans ce qui explique le déclenchement de la motivation. Par exemple, le besoin est un motif primaire dont l’origine est plutôt à rechercher intuitivement dans l’organisme. À l’inverse, pour comprendre le déclenchement de la dissonance cognitive (Festinger, 1957), il faut prendre en compte certains aspects de l’environnement.
Représentation intégrée des motifs