Est-il possible de définir la motivation en quelques mots ? Dans ce domaine comme dans beaucoup d’autres, il n’existe pas une, mais plusieurs définitions, voici celle que je propose :
La motivation désigne une hypothétique force intra-individuelle protéiforme, qui peut avoir des déterminants internes et/ou externes multiples, et qui permet d’expliquer la direction, le déclenchement, la persistance et l’intensité du comportement ou de l’action.
Le niveau explicatif de la motivation est celui de l’individu. Appréhender la motivation d’un groupe veut donc dire, comprendre la, ou les forces, qui animent chaque membre du groupe et donc essentiellement celle(s) de l’individu en groupe.
Il est nécessaire de distinguer la motivation qui reste un hypothétique phénomène interne, de ses déterminants qui peuvent également être internes mais aussi externes. Par exemple si la menace d’une sanction (déterminant externe) peut expliquer le changement de comportement d’un élève, elle ne caractérise pas la nature de la force (ou motivation) qui modifie le comportement. Cette sanction doit avoir un relai interne par exemple en termes de peur, de honte ou d’anxiété pour expliquer la nature de la force (ou motivation) qui entraine le changement de comportement.
Il n’existe pas une seule forme de motivation. La motivation est avant tout un terme générique, généralement utilisé à défaut d’une spécification plus précise sur la nature exacte de la force qui produit un comportement ou une action. En fonction du contexte, d’autres termes peuvent être utilisés pour définir plus précisément la nature de cette force. Les notions telles que "but", "besoin", "émotion", "intérêt", "désir", "envie", et bien d’autres encore, peuvent être utilisées pour une description plus précise.
Les conceptions théoriques qui permettent d’expliquer la motivation de l’individu sont multiples (au moins une centaine) et pour beaucoup multifactorielles. Les variables qui permettent de comprendre l’origine de la motivation sont, elles aussi, non seulement innombrables mais peuvent aussi être internes (comme les attributions ou les traitements automatiques de certaines informations) ou externes (comme une récompense).
Les effets de cette force interne qu’est la motivation sont nombreux et variés.
Direction : la motivation est une force qui oriente l’individu vers certaines finalités. Le comportement motivé a un sens qui peut être interprété ou analysé en fonction du ou des résultats produits. Sans la prise en compte de la finalité du comportement, il peut être difficile d’interpréter et de comprendre la motivation qui le sous-tend. Par exemple, en vertu du sens qu’elle a pour l’individu, l’inaction peut être motivée. De même, certains comportements peuvent paraître inadaptés ou liés à des dysfonctionnements cognitifs (notamment ceux liés aux conduites d’échec) tout en étant clairement motivés.
Déclenchement : Un des effets les plus visibles de la motivation est lié à la modification du comportement. Par exemple, la motivation va expliquer pourquoi l’individu passe du repos à l’activité. Cependant, les modifications comportementales peuvent s’expliquer par des mécanismes cognitifs sans qu’il soit nécessaire d’invoquer une motivation. Par exemple, l’individu peut comprendre que les moyens qu’il met en œuvre sont inadaptés pour produire le résultat recherché et donc décider en conséquence de modifier son comportement. Dans ce cas, le déclenchement de ce nouveau comportement est attribuable à la cognition, non à la motivation. Si le déclenchement est, bien entendu, une modification du comportement, il marque également le début de quelque chose et confère à ce titre un sens au comportement. Le déclenchement n’est donc pas lié à un simple ajustement comportemental, mais révèle la présence d’une nouvelle motivation.
Persistance : Adopter un comportement sur la durée peut s’expliquer d’un point de vue motivationnel à partir du moment où son maintien nécessite l’exercice volontaire d’une certaine force (les théories volitionnelles se basent sur le concept de volonté pour expliquer la persistance de l’action ; la théorie de l’autodétermination estime que le self cherche à satisfaire ses besoins fondamentaux). Expliquer la persistance consiste donc à comprendre la nature de cette volonté à faire perdurer l’action ou le comportement.
Intensité : L’intensité est sans doute l’effet motivationnel le moins ambigu. La production d’un effort s’explique nécessairement par la présence d’une force. Cette absence d’ambiguïté peut, dans certains cas, entretenir une certaine confusion. Un individu peut produire un effort avec pour objectif de paraître motivé en vue d’obtenir certains avantages octroyés par un observateur. Dans ce cas la finalité est d’apparaître motivé, et ce, indépendamment de la finalité de l’activité considérée.
Avec l’introduction des modèles volitionnels (Heckhausen, 1986 ; Achtziger & Gollwitzer, 2008 ; Gollwitzer, 1999 ; Kuhl, 1987), un changement paradigmatique s’installe, la motivation ne cherche non plus seulement à expliquer le comportement mais aussi la persistance de l’action. L’impact de la motivation ne peut donc être restreint au seul comportement, mais doit être étendu à l’action. Cette dernière peut être envisagée comme une succession de comportements. Dans cette perspective, une action ne peut persister que si elle est entretenue et entretient en retour la motivation.