Cette dernière catégorie conceptuelle repose sur deux théories qui ont en commun de s’intéresser à cette part d’intangible qui peut accompagner toute prédiction. En effet, les théories de l’expectation qui se sont essentiellement appuyées sur la probabilité comme vecteur d’une estimation de l’avenir, se sont davantage attachées à la définition de règles presque mathématiques (en termes de fréquence d’apparition d’un événement passé) comme principal outil de prédiction (par exemple Lewin, Dembo, Festinger & Sears, 1944 ou encore Vroom, 1964).
D’autres théories centrées sur la prédiction, sans réfuter la place centrale qu’occupe la probabilité, se sont davantage attachées à en comprendre la part de croyance (Bandura, 2003 ou Skinner, 1995 par exemple) qu’elle véhicule intrinsèquement. Pour ces théories, avant d’être une probabilité, le résultat est en quelque sorte une profession de foi en un avenir plus ou moins certain. On trouve cet aspect au cœur de la théorie de l’optimisme dispositionnel proposée par Scheier & Carver (1985). Pour eux, les personnes optimistes le sont en général, et quelles que soient les situations. Autrement dit, ces individus vont, parmi toutes les conséquences de l’avenir, imaginer avant tout celles qui leur sont favorables, et ce, indépendamment des probabilités objectives de la situation.
La théorie que propose Oettingen (1996 ; Oettingen & Hagenah, 2005) va encore plus loin puisqu’elle va jusqu’à rejoindre le sens que donnent les œuvres littéraires au terme « anticipation », en imaginant un avenir peuplé d’idées plus ou moins réalistes. Pour comprendre sa théorie, il est nécessaire dans un premier temps de distinguer l’expectation de l’anticipation fantaisiste (free fantasy). Dans les deux cas, la pensée envisage un futur mais de deux manières radicalement différentes. Pour Oettingen, les expectations sont des jugements, des croyances sur la tournure que peuvent prendre les événements ou les comportements dans le futur. Elles sont basées sur l’expérience passée ainsi que sur l’histoire des performances de l’individu. Par contre, les anticipations fantaisistes sont des pensées et des images de futurs événements ou de comportements qui surgissent dans l’esprit d’une personne indépendamment de leur probabilité réelle d’ap¬parition. Différentes expériences (Oettingen & al., 2001) montrent que ces aspects futuristes sont complémentaires.
L’anticipation fantaisiste joue un rôle essentiel dans la désirabilité de l’individu envers le futur et nourrit son imaginaire ; ce qui le conduit à envisager plus de possibilités et donc à faire plus de plans (comme nous le verrons par la suite les stratégies sont une étape essentielle sur la longue route qui mène à la performance). Cependant, l’anticipation fantaisiste doit en quelque sorte être bridée par l’expectation de résultat, sans quoi l’individu se lance dans des entreprises irréalistes qui ne peuvent aboutir
Représentation intégrée de la prédiction imaginaire
