La deuxième génération des modèles de l’expectation-valeur ne s’est plus intéressée à l’impact de la probabilité de la réussite ou de l’échec sur la valeur du résultat. Ces théories, de loin les plus abondantes actuellement, ont considéré ces deux notions séparément, laissant pour certaines totalement de côté la valeur, pour ne plus s’intéresser qu’à l’expectation.

De nombreuses théories ont conservé cette relation étroite que l’expectation entretient avec la probabilité qu’un résultat se produise, mais sans considérer uniquement l’impact sur la valeur (Eccles, 2005 ; Battle, 1966 ; Vroom, 1964 ; Staw, 1981 ; Ellis & Knaus, 1977 ; Zimmerman, 2002 ; Pintrich, 2004 ; Norem & Cantor, 1986b ; Jones & Berglasn, 1978). Il importe de noter que nombre d’entre elles se sont évertuées à proposer des conceptions de la valeur relativement riches et originales (Eccles, 2005 ; Battle, 1966) qui les ont conduites, dans certains cas, à ne plus utiliser explicitement le terme de « valeurs » ou à le remplacer par de très nombreux motifs (Zimmerman, 2002 ; Pintrich, 2004).

D’autres théories se sont attachées à préciser l’objet de cette prédiction. Ajzen & Albarracin (2007) distinguent les expectations de résultats, celles des comportements des référents importants et ceux liés à la présence de facteurs facilitant.
Heckhausen & Heckhausen (2008) distinguent les expectations « situation-résultat », « action-résultat » et « résultat-conséquence ». La conception de Bolles (1972) est, dans ce panorama, relativement originale puisqu’elle propose que le béhaviorisme repose sur différentes formes d’expectation entre le stimulus, la réponse et la conséquence de cette réponse.

Certains modèles se sont interrogés sur la nature même de cette notion de probabilité en relation avec l’expectation. De nombreux auteurs ont estimé, dans la mesure où le futur ne peut être présent, que toute forme de projection d’une réalisation à venir n’est, en dernière analyse, qu’une croyance. La formulation la plus célèbre à ce niveau est sans doute celle introduite par Bandura (2003) à propos de l’efficacité personnelle qu’il définit comme une « croyance de l’individu en sa capacité d’organiser et d’exécuter la ligne de conduite requise pour produire des résultats souhaités » (p. 12). Ce concept est maintenant utilisé dans de très nombreuses théories motivationnelles (Locke & Latham, 2002 ; Zimmerman, 2002 ; Pintrich, 2004).
Le modèle de Ford (1992) repose sur différentes formes de croyances : les croyances d’agentivité personnelle, les croyances de capacité et les croyances contextuelles. Ensemble, toutes ces croyances permettent à l’individu de savoir s’il est réellement en mesure d’avoir une influence sur l’environnement.
Feather (1992) part du principe que, si les actions étaient seulement déterminées par la valence des événements et des résultats, les individus chercheraient uniquement la plus attractive des alternatives d’une situation ; ce qui n’est pas le cas. Pour lui, les actions sont donc contraintes par les croyances entre ce qui est possible et ce qui n’est pas possible.

Enfin, il reste quelques conceptions qui utilisent de façon originale cette notion d’« expectation » cette fois plus comme un synonyme de l’attente. Berlyne (1960) par exemple estime que deux des variables collatives qu’il utilise dans le cadre de la curiosité, la surprise et l’incertitude, sont fonction des expectations de l’individu. C’est aussi cette notion d’attente qui est au cœur du modèle de Gollwitzer (1999). Cet auteur croit que l’expectation doit être particulièrement claire dans l’esprit de l’individu sur le « quand », le « comment » et le « où » il doit réaliser un comportement. Il montre expérimentalement que la clarification de l’avenir sur ces trois points facilite significativement le passage à l’action.

Représentation intégrée de la Distinction expectation - valeur