Les résultats peuvent être appréhendés à un niveau purement comportemental. Il s’agit dans ce cas plutôt d’indicateurs. La vitesse que met un rat pour parcourir un labyrinthe est à la fois le résultat et un indicateur du comportement. Cependant, quand on parle de résultat dans le cadre des théories motivationnelles il s’agit plutôt de désigner quelque chose de spécifique qui est peut-être rattachée d’une manière ou d’une autre à l’aboutissement d’une action ou d’un comportement.
Pour le rat, il peut s’agir d’atteindre la nourriture, pour l’homme de dépasser un certain niveau de performance. C’est en définitive à ce niveau que se trouvent le sens, l’explication de la direction du comportement. Ce résultat-là, contrairement au précédent, peut-être intentionnellement recherché comme nous avons pu le voir dans la partie précédente.

En général un tel résultat est quelque chose d’assez complexe qui n’est pas entièrement déterminé par le comportement comme nous l’avons souligné précédemment. De plus, même quand un résultat dépend directement du comportement de l’individu, il peut dans certains cas n’être que très partiellement lié à la motivation de l’individu.
Les recherches sur la motivation ont comme particularité de pouvoir prendre en considération à peu près n’importe quel type de résultat. Si nous comparons avec d’autres recherches centrées sur l’intelligence ou la mémoire à titre d’exemple, celles-ci doivent d’une manière ou d’une autre se rapporter à des résultats qui permettent de mesurer la mémoire, ou l’intelligence. Les travaux sur la motivation peuvent aussi s’appuyer sur des résultats qui par ailleurs appartiennent clairement au champ de la mémoire ou de l’intelligence. Il n’est pas rare, à ce titre, de voir que les études sur la motivation se servent de tâches de raisonnement ou de rappel pour étayer leurs analyses. Un résultat avec une multitude de déterminants, comme la réussite à un examen, peut donc toujours être expliqué, entre autres, par une approche motivationnelle, mais rien ne garantit qu’elle sera pour autant la plus pertinente.

Cependant, il existe de nombreux résultats pour lesquels l’étude de la motivation s’impose bien qu’elle ne soit qu’un facteur parmi d’autres. Il s’agit par exemple de la performance, de la résignation ou du bien-être. Ces résultats sont multiples et difficiles à définir.
Par contre, d’autres ne sont explicables qu’uniquement en rapport avec une explication motivationnelle. Dans la mesure où ces résultats sont plus directement attribuables à la motivation c’est donc ces derniers qui sont explicitement référencés dans cet ensemble conceptuel en attendant qu’un approfondissement de cette notion de « résultat » puisse être opéré.

L’un de ceux-ci est le « flux » ou « flow » (Csikszentmihalyi & al., 1989 ; Csikszentmihalyi & al., 2005 ; Lecomte, 2009 ) qui est une expérience optimale surgissant quand les compétences ne sont ni dépassées ni sous utilisées. Pour Csikszentmihalyi & al. (2005) le « flow » est conçu comme une expérience qui procure une récompense intrinsèque. Lorsqu’ils ressentent cette expérience dans une situation, les individus ont ensuite à cœur de la reproduire.

Deux phénomènes opposés dans leur direction ont donné, lieu l’un comme l’autre, à plusieurs théories motivationnelles. Le premier, la « facilitation sociale », est utilisé pour désigner les situations où la performance d’un individu en présence de tiers est supérieure à celle qu’il obtiendrait s’il était seul. Le deuxième, la « flânerie sociale », est exactement l’inverse du premier : c’est la présence d’autres individus qui entraîne une diminution des performances. Les différentes théories motivationnelles, qui ont fait l’objet d’un développement par ailleurs (Fenouillet, 2003a), permettent de comprendre la présence de ces manifestations paradoxales dans ce qui semble en première analyse être une même situation de groupe.

Enfin, il existe une motivation à l’autodestruction pour Baumeister (1997). Les comportements d’autodestruction, tels que les définit Baumeister (1997), sont ceux qui ont des coûts pour l’individu plus importants que leurs bénéfices tels le fait de se mettre en échec, de se faire du mal, du tort, ou encore de provoquer de la souffrance. Les actions nuisibles pour les projets de l’individu sont également considérées comme autodestructrices, lorsque celles-ci résultent de la mise en place d’une stratégie particulièrement hasardeuse ou encore comme le fait de produire des efforts importants pour des résultats médiocres (se « noyer dans un verre d’eau »). Là encore, c’est en analysant les motivations des individus au travers de leurs résultats néfastes, qu’il est possible d’appréhender ces comportements dans leur globalité.

Représentation intégrée du résultat