Pour Krapp (2002a ; 2005), l’intérêt est conceptualisé comme un aspect spécifique ou une qualité de la relation personne/objet. Contrairement aux autres concepts purement motivationnels, l’intérêt est caractérisé par un contenu ou par la spécificité de l’objet. L’intérêt inclut un aspect purement émotionnel (affects positifs) et un autre essentiellement cognitif (en termes de signification par exemple).

Krapp (2005) considère qu’il existe un système de régulation cognitivo-émotionnel qui est responsable à la fois de la formation des intentions ou des objectifs liés aux intérêts et des feedbacks durant l’interaction concrète personnes-objet. Il postule l’existence de différents sous-systèmes de régulation qui vont agir à différents niveaux.

Le premier sous-système, fortement ancré biologiquement, est essentiellement basé sur l’expérience émotionnelle qui résulte de feedbacks que fournit l’organisme sur son état de fonctionnement au regard de la situation dans laquelle il se trouve.

Le second sous-système est représenté sous la forme de facteurs cognitifs conscients. Ces facteurs effectuent un traitement de l’information de type rationnel-analytique pour aboutir à la formation d’intention. Ce système permet d’expliquer que certaines activités, par ailleurs totalement inintéressantes (voire parfois franchement déplaisantes) mais considérées d’un point de vue rationnel comme importantes, soient effectuées en déployant des efforts conscients pour franchir les obstacles qui obstruent leur réalisation.

En se basant sur ce double système de régulation, Krapp (2002a ; 2005) postule que le développement de l’intérêt se produit uniquement si ces deux types de feedback sont vécus de manière positive. Autrement dit, il s’agit que l’engagement de la personne dans une activité soit perçue comme ayant un sens ou comme étant important, sur la base des évaluations du sous système cognitivo-rationnel, mais aussi que cette personne reçoive, dans le même temps, un feedback émotionnel positif durant son engagement dans cette activité.

Krapp (2002a ; 2005) fait reposer l’ensemble de son explication sur les trois besoins de base tels que les formule la théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 2002). En effet, les trois besoins de base sont essentiels pour le bien être et le développement de la personne, mais aussi pour tout un ensemble de processus associés parmi lesquels l’intérêt occupe une place de premier plan. Il estime que les trois besoins de bases envoient de manière continuelle des signaux qui sont, en fonction des théories, considérés comme du bien-être, de la satisfaction ou des feedbacks émotionnels positifs. Krapp (2002a ; 2005) estime que le feedback expérientiel vécu lors de la réalisation de l’activité est donc en relation directe avec la satisfaction des trois besoins de base inhérent à la théorie de l’autodétermination (Deci & Ryan, 2002). Au travers de ce feedback expérientiel, l’individu va percevoir comme intéressantes les situations qui favorisent au mieux ces trois besoins (intérêt situationnel) dans un premier temps. À plus long terme, certains types de contenus qui, pour un individu donné, sont plus favorables à ses besoins de base, vont s’établir en un ensemble relativement stable d’intérêts individuels.

Représentation intégrée de l’intérêt personne-objet
(d’après Krapp, 2005)