En examinant de près la construction des principales échelles d’anxiété présentes à son époque, Wine (1971) s’aperçoit que celles-ci sont constituées de plusieurs dimensions. Il s’appuie principalement sur l’article fondateur dans ce domaine, de Mandler & Sarason (1952) pour qui toute situation de tests provoque deux types de drive. Le premier est directement lié à l’activité et serait réduit par sa complétion. Par contre, le second serait un drive secondaire d’anxiété qui peut, soit être réduit par la complétion de l’activité, mais qui peut interférer directement sur la réalisation de l’activité. Wine (1971) observe que les différentes échelles d’anxiété se sont concentrées sur les réponses orientées sur le self (perceptions internes) qui sont susceptibles de se produire durant l’activité et qui peuvent à ce titre interférer avec elle. Les individus les plus anxieux sont ceux qui se dénigrent eux-mêmes, qui sont préoccupés par eux-mêmes et qui sont généralement moins contents de ce qu’ils font. Au-delà des échelles d’anxiétés, Wine relève les résultats de différentes études qui montrent que les sujets les plus anxieux ont tendance à avoir de moins bonnes performances dans des situations où ils sont focalisés sur leur ego (performance publique par exemple) alors que pour les individus les moins anxieux les performances sont équivalentes quelques soient les conditions.

Pour Wine, l’anxiété connaît au moins deux composantes majeures : l’émotion et l’inquiétude. L’inquiétude est une composante essentiellement cognitive qui a trait à la performance en situation de test alors que l’émotion est principalement liée à l’activation du système autonome lors de la réalisation de l’activité. Dans les deux cas, au moins à haut niveau, l’individu consacre une partie de son attention aux phénomènes liés à ces deux ensembles. En ce qui concerne l’inquiétude, l’individu anxieux s’interroge, par exemple, sur les conséquences de son échec, sur la compétence des autres par rapport à la sienne. Cette « activité » liée aux différentes sources d’inquiétude a donc pour effet de mobiliser des ressources cognitives qui ne sont plus allouées à l’activité. En ce qui concerne les activations automatiques relatives à la partie émotionnelle, elles sont beaucoup moins gourmandes en ressources attentionnelles sauf quand, là aussi, elles dépassent un certain seuil à partir duquel l’individu est distrait par l’intensité de l’activation émotionnelle.

En conclusion, l’ensemble des éléments collectés par Wine (1971) permet d’avancer une interprétation attentionnelle comme principal effet perturbant de l’anxiété sur les activités dans lesquelles il est attendu un certain niveau de performance. Les individus les plus anxieux seraient perturbés par diverses formes de « rumination mentale » et ne pourraient se focaliser sur les indices plus spécifiques de l’activité.

Représentation intégrée de la conception distractive de l’anxiété
(d’après Wine, 1971)