Comme nous avons pu le voir précédemment, il paraît nécessaire de distinguer deux perspectives dans le cadre de la notion de contrôle introduite par les théories motivationnelles. Lorsque la recherche de contrôle est une fin en soi, il s’agit d’un motif qui a été détaillé plus haut. La deuxième perspective, historiquement la première, est liée à l’expectation : concept utilisé par Rotter (1966) dans le cadre du locus de contrôle.

Pour Rotter (1966), le locus de contrôle est une expectation généralisée. Autrement dit, il s’agit d’une caractéristique stable de l’individu sur sa façon d’appréhender les situations indépendamment de leurs spécificités. Pour Rotter, c’est dans des situations nouvelles ou ambiguës que le poids des expectations généralisées est le plus important. Pour cet auteur, le comportement dans une situation psychologique spécifique est fonction : de l’expectation (définie comme une probabilité) que ce comportement puisse mener à un renforcement dans cette situation, et de la valeur de ce renforcement. Si l’individu a un locus de contrôle interne, il estimera que le contrôle de l’environnement est plutôt lié à son action.

Pour la théorie de la résignation apprise (Peterson, Maier, Seligman, 1993), l’expectation de contrôle est une des pierres angulaires sur laquelle reposent tous les comportements. Les recherches dans ce domaine montrent que si l’homme (ou l’animal) « expecte » qu’il n’est pas en mesure de contrôler l’environnement alors il cesse d’agir, autrement dit il se résigne. Cependant, contrairement à Rotter (1966), Peterson, Maier, Seligman (1993) proposent de distinguer « attribution » et « expectation ». La théorie qu’ils proposent distingue trois grandes catégories bipolaires d’attribution : l’internalité, la stabilité et la globalité. Or, pour eux, ce n’est pas l’internalité qui permet à l’individu de prédire qu’il n’est pas en mesure de contrôler son environnement, mais la stabilité.

Cette distinction entre « attribution » et « expectation » se retrouve également dans le modèle de Pekrun (2006) sur les émotions d’accomplissement. Pour cet auteur, l’expectation de contrôle est à distinguer de l’attribution de contrôle, ces deux formes donnant lieu à des émotions très différentes et en fonction du résultat attendu.
Skinner (1995), pour sa part, estime que l’expectation de résultat est assujettie aux croyances de contrôle. Elle se réfère à Brim (1976) pour dire que le sens du contrôle personnel est en fait un système de croyance. Cette croyance de contrôle spécifie dans quelle mesure le « self » peut produire des événements désirés ou prévenir des événements non désirés.

Représentation intégrée de l’expectation de contrôle