Le concept de locus de contrôle s’insère dans le cadre plus large de la théorie de l’apprentissage sociale de Rotter (1982). Il n’est pas possible de détailler ici toute la complexité théorique de cette conceptualisation, mais il est cependant nécessaire de donner certaines précision afin d’appréhender la nature du locus de contrôle.
Pour la théorie de l’apprentissage social, les déterminants de l’action sont le fruit d’expériences apprises. Les déterminants non-appris comme les besoins biologiques ne sont pas pris en compte dans cette théorie. Il existe quatre classes de variables dans le cadre de la théorie de l’apprentissage social : le comportement, les expectations, les renforcements et les situations psychologiques.

Dans la plupart des situations classiques, le comportement dans une situation psychologique spécifique est fonction de l’expectation (défini dans ce cadre théorique comme une probabilité) que ce comportement puisse mener à un renforcement spécifique dans cette situation et de la valeur de ce renforcement. Il est supposé que si l’organisme perçoit deux situations comme similaires, alors les expectations, pour un type de renforcement ou pour une classe de renforcement, vont se généraliser d’une situation à l’autre. Les expectations dans chaque situation sont donc déterminées non seulement par les expériences spécifiques à la situation mais aussi, jusqu’à un certain point, par l’expérience dans les autres situations que l’individu perçoit comme similaires. Il existe donc des expectations généralisées qui sont liées à la similarité des situations entre elles, et des expectations spécifiques liées à la situation. Pour Rotter, dans le cadre de situations nouvelles ou ambiguës, le poids des expectations généralisées est plus important.

Pour Rotter (1966), « quand un renforcement est perçu par le sujet comme suivant ses propres actions, mais non entièrement contingent à son action, alors dans notre culture il est typiquement perçu comme le résultat de la chance, du destin c’est-à-dire sous le contrôle d’une puissance étrangère, ou comme quelque chose d’imprévisible car sous-tendu par des forces multiples et complexes. Quand un événement est interprété de cette manière par l’individu nous disons que le contrôle est externe. Si une personne perçoit que l’événement est contingent à son propre comportement ou à ses caractéristiques personnelles, relativement permanentes, cette croyance est étiquetée en tant que contrôle interne » (p. 1, traduction libre).

Le locus de contrôle réfère donc à la croyance qu’une réponse aura une influence, ou pas, sur la possibilité d’atteindre la performance. Il est donc possible de dire dans ce sens que le locus de contrôle entre dans la catégorie des expectations généralisées. Rotter distingue néanmoins deux types d’expectations généralisées. L’expectation que le comportement puisse mener à un certain renforcement ou expectation de renforcement, d’une part. D’autre part, l’expectation généralisée de résolution de problème centrée sur l’instrumentalité du comportement pour atteindre un but donné. Le locus de contrôle est un des déterminants de cette deuxième forme d’expectation. Le locus de contrôle va donc influer sur l’expectation d’atteindre ou non un objectif donné.

Représentation intégrée du locus de contrôle (D’après Rotter, 1966)