Hebb (1955) a proposé pour son époque une conception de la motivation entièrement nouvelle permettant d’intégrer des résultats expérimentaux difficilement compatibles avec la théorie dominante de cette même époque, qui était celle du drive (Hull, 1943).

L’étude de Bexton & al. (1954) laisse en effet clairement supposer que les drives primaires ou secondaires ne peuvent expliquer certains comportements humains. Dans cette étude, les expérimentateurs ont demandé à des étudiants de vivre 24/24 h dans un caisson d’isolation sensorielle ou toutes leurs perceptions étaient réduites au strict minimum. Par exemple, ils portaient en permanence des sortes de gants les empêchant d’avoir des sensations tactiles. De même pour la vue, ils devaient regarder en permanence à travers de lunettes qui brouillaient l’environnement. Il s’est avéré que les sujets préférèrent interrompre l’expérience d’eux-mêmes au bout de deux ou trois jours malgré une belle somme d’argent pour participer à ce programme de recherche, somme qu’ils pouvaient difficilement obtenir de n’importe quel travail. De plus, les sujets ont tous montré des déficiences non seulement perceptives mais aussi cognitives suite à ce passage dans le caisson d’isolation sensorielle. Les résultats de cette étude, à eux seul, montrent que le cerveau à besoin d’un niveau minimum de stimulation sensorielle pour fonctionner. Les résultats obtenus entrent donc en totale contradiction avec une modélisation homéostatique de la motivation telle que celle sous-tendue par le drive.

Pour Hebb (1955), dans une conceptualisation proche de celle qu’avaient proposée Yerkes & Dodson avec une étude sur des rats en 1908, estime que les organismes supérieurs ne sont pas à la recherche d’une réduction des tensions, comme le postule le drive, mais d’un optimum d’activation. Sa conception est basée sur l’efficacité des activations neurologiques. Pour lui, le cerveau est toujours actif et il estime que le fonctionnement synaptique est facilité par une diffusion continue du système à la base de l’excitation. Quand cette diffusion est faible, une augmentation des stimulations aura pour effet d’augmenter ou de maintenir le niveau d’activité général. Le fait d’augmenter le niveau d’activation dans ces conditions aura pour effet d’augmenter l’effet de la récompense dans le cadre de la satisfaction d’un drive. À l’inverse, quand le niveau d’activation est trop élevé les stimulations interférent entre elles d’un point de vue synaptique ; ce aura pour effet de faciliter les réponses inappropriées, autrement dit dans le cadre d’un apprentissage, l’organisme va faire plus d’erreurs.
En conclusion, les organismes supérieurs seraient perpétuellement en recherche d’un niveau optimum d’activation ce que Yerkes & Dodson (1908) laissaient déjà supposer au travers des résultats de leur étude.

Dans leur expérience, des souris blanches sont placées dans une boite avec plusieurs compartiments. Les souris doivent apprendre à choisir le bon chemin parmi deux possibles. L’un des deux parcours passe par un compartiment noir et l’autre par un blanc. Le compartiment noir est systématiquement électrifié. L’objectif du dispositif est de voir en combien d’essais les souris vont choisir directement le bon chemin. Deux variables indépendantes sont étudiées. La première est la violence du choc électrique qui a trois niveaux : faible, moyen, fort. La deuxième est la discrimination visuelle entre les deux compartiments : facile, moyen, difficile. Les auteurs montrent que le nombre de réponses correctes est fonction de ces deux paramètres. Pour les conditions de discrimination où la difficulté est faible ou moyenne, les performances sont meilleures avec une violence moyenne des chocs. Par contre, dans la condition de discrimination difficile, les performances sont optimums lorsque la violence du choc électrique est faible.

Cette étude illustre parfaitement la relation curviligne entre le niveau d’excitation et le comportement. Si le niveau d’activation est trop faible, le comportement manque d’intensité et la motivation est forte à faire en sorte de répéter les stimulations. C’est l’inverse si le niveau d’activation est trop fort. La surexcitation désorganise le comportement et provoque une baisse de performance. Ainsi pour chaque activité, il existerait un niveau optimum d’excitation.

Représentation intégrée du niveau optimum d’activation
(d’après Hebb, 1955)